Le retour de Trump aux affaires n’a pas fini de remettre en cause le statu quo dans les relations internationales et commerciales. Son approche brutale ne fait que mettre en évidence les effets de la politique américaine qui reste assez constante quelle que soit l’orientation politique de la personne en place à la maison blanche.

Aux lois européennes DMA (Digital Market Act), ou DSA (Digital Services Act) destinées à encadrer les géants du numériques américains afin qu’ils respectent nos lois, Trump répond par une menace claire : si nous faisons jouer ces lois, des mesures de rétorsion immédiates seront prises parle biais des tarifs douaniers à l’export (Toute l’Europe.eu) avec pour conséquences une augmentation des prix de ces services numériques (augmentation du prix des licences O365 pour Microsoft) ce qui affecterait la rentabilité de nos entreprises.

En plus de cette menace, l’analyse de l’executive order (lien) issu par le Président Trump à l’encontre de dirigeants de la CPI (Court Pénale Internationale) est éclairante. Les conditions juridiques montrent que les États-Unis peuvent à tout instant si jamais nos positions vont à l’encontre de leurs intérêts, couper pour les européens l’accès aux services numériques américains, ce qui paralyserait nos économies. Mais tel des somnambules nos décideurs politiques et économiques ne veulent toujours pas prendre des mesures concrètes et urgentes pour réduire ce risque, malgré les alertes répétées de ceux qui défendent notre souveraineté numérique et économique (dernière interview du Député Philippe Latombe le 27 août dernier).

Faisons un peu d’anticipation, nous sommes fin 2025, début 2026, nos relations économiques se tendent avec les américains, l’Europe étouffée économiquement par les tarifs douaniers décide de se lancer dans des mesures de rétorsion.

Le Président Trump, en colère devant le risque que cette réaction inattendue de la part des européens fait peser sur les mid-terms, décide de publier un executive order à l’encontre de la France, l’homme malade de l’Europe, à l’économie déjà exsangue, permettant ainsi d’envoyer un signal fort à l’ensemble de l’Europe.

Que croyez-vous qu’il puisse se passer ?

Toutes les entreprises qui utilisent des solutions Saas américaines : Office 365 de Microsoft, Google Workspace, Amazon que cela soit pour le cloud ou comme plateforme marchande, les solutions Adobe, Oracle, les solutions de Cybersécurité américaines, etc. ne sont plus accessibles du jour au lendemain.

Ne pensez pas que les offres prétendues souveraines Bleue ou 3ens vous mettraient à l’abri. La technologie est américaine. Donc plus d’accès aux services, et plus d’accès non plus à vos données qui sont sur les clouds américains. Ne vous inquiétez pas vos données ne seront pas perdues pour tout le monde.

Je m’amuse à vous décrire là un scénario catastrophe et je suis sûr que vous pensez que c’est exagéré, mais est-on bien sûr qu’il ne puisse se produire ?

Peut-on continuer à avoir une stratégie numérique qui fait autant l’impasse sur les risques géopolitiques qui sont en train de nous exploser à la figure (trouve une autre expression) ?

Nos grandes écoles d’ingénieur ou d’administration (ex-ENA) par leur endogamie ne favorise-t-elle pas l’effet tunnel, et le copinage avec les dirigeants des géants du numérique américains leur a-t-il fait perdre toute objectivité et capacité à penser une stratégie ? Ou pire, est-ce que les intérêts personnels leurs ont-ils fait perdre de vue l’intérêt général ?

Est-il encore possible d’espérer un vrai sursaut et prise de conscience et d’arrêter les discours mais de passer aux actes ? Les acteurs du numériques français se sont mobilisés fortement en 2020, suite au scandale du choix de Microsoft pour héberger les données de santé du Health Data Hub. La directrice projet qui n’avait pas respecté de plus le processus d’appel d’offre a imposé avec son équipe le choix de Microsoft. Un nouvel appel d’offre voit enfin le jour, mais sans changement de l’équipe de direction du projet, nos entrepreneurs du numérique français n’ont pas forcément envie de perdre de l’énergie et de l’argent face à une décision qui restera biaisée et c’est ce qui est le plus triste.

On retrouve cette propension à se mettre sous le joug américain à l’éducation nationale ou à polytechnique (Communiqué de Presse de la sénatrice Catherine Morin-Desailly).La question légitime que l’on peut se poser est comment ses écoles d’ingénieur ou l’ENA pour former les grands corps d’état, pour certaines fondées par le Général de Gaulle avec l’objectif affiché de protéger notre souveraineté se sont retrouvées à jouer pour les intérêts américains, n’est-ce pas une trahison de l’intérêt collectif des français ?

Combien de pans de notre puissance industrielle, technologique et alimentaire chancelante vont être bradés ou détruits pour le bénéfice d’acteurs étrangers, les personnes issues de ces formations ont-elles recréées une aristocratie imbue de son intelligence et toujours plus avide de pouvoir et d’argent au détriment de l’intérêt national ? Combien de temps encore continuerons-nous d’accepter cet appauvrissement de notre nation par ceux qui sont censés en prendre soin ?

Espérons que le législateur, lorsqu’il pourra de nouveau oeuvrer puisse imposer la lucidité dans la commande publique et s’assurer que nos administrations soient protégées du « Kill switch » dans les mains du président américain, et que du côtés des entreprises, les syndicats patronaux se réveillent et secouent leurs ouailles ! A suivre dans les prochaines semaines, l’urgence est là !