La campagne publicitaire de Renault qui concerne leur gamme électrique et le retour nostalgique de la Renaul 5, m'indispose. Je vous explique pourquoi, même si hélas c'est probablement un cri dans le désert de plus!
Tant que nos dirigeants de grands groupes industriels et nos dirigeants politiques ne comprendront pas que la maîtrise des données passent par l'utilisation de solution souveraine sur les infrastructures et les couches hautes, les projets de reéindustrialisation ne seont que littérature!
Nous continuons de nous contenter d'être les consommateurs (idiots) utiles de l'industrie américaine ou chinoise!
Et notre déficit commercial continuera de se creuser et notre économie de couler!
#souverainetéindustrielle #souveraineténumérique #réindustrialisation
Je me vois contraint à un nouveau « coup de gueule » sur un sujet que j’ai déjà eu l’occasion d’aborder. Depuis quelque temps, Renault lance la campagne de pub de son nouveau produit, basé sur la nostalgie, le Renault 5 électrique…
L’un des arguments publicitaires est l’intégration Google. Cela ne vous interpelle-t-il pas ? Il est désormais communément admis que la révolution industrielle en cours est celle du numérique, porteuse de la majeure part de la chaîne de valeur : d’un point de vue industriel et économique, cela ne vous choque-t-il pas, Monsieur Luca de Meo, de laisser une entreprise externe profiter de la plus grosse part du gâteau que vous produisez ?
Pour Renault, le risque est celui d’une totale dépendance à un seul fournisseur externe, de plus soumis à une réglementation étrangère. Quels mécanismes a-t-on mis en place pour assurer la continuité opérationnelle en cas de défaillance dudit fournisseur ?
L’autre point discutable est, bien entendu, l’exploitation par Google des données analytiques des plateformes de Renault. On est ici dans une situation similaire vécues par ceux qui recourent à Amazon : c’est la plateforme qui connaît les données fines concernant le comportement de leur clientèle, et l’usage qui est fait de leur produit.
On peut aussi se poser la question de la propriété intellectuelle liée aux usages autour de la partie numérique de la voiture et les informations recueillies par Google sur les questions de maintenance prédictive… On sait que le défi de la voiture autonome n’est pas encore levé, même si de nombreux progrès se font. On est donc en droit de se poser cette question : par cette alliance avec Google, Renault n’est-il pas en train de fourbir les armes de son adversaire de demain ? Ne sommes-nous pas en train d’assister à une nouvelle destruction de notre industrie automobile par elle-même ?
Il me semble aussi important d’éveiller la conscience des futurs clients. En effet, il y a deux risques flagrants pour le client d’acheter ce type de voiture : celui du transfert de données à l’étranger (notamment par le Cloud Act), celui de la conformité avec notre propre réglementation européenne, le RGPD. À quel moment l’utilisateur, pourra-t-il donner son avis sur l’utilisation de ses données, et quels sont les moyens mis en place pour lui permettre de brider ou en interdire l’utilisation ?
Un exemple concret de risque : l’utilisation d’un tel véhicule par une personnalité politique de premier plan ou même par un grand capitaine d’industrie. Google, et donc les services de renseignement américains via le Cloud Act, pourront obtenir une analyse fine des déplacements des véhicules considérés, voire accéder à des conversations à l’intérieur des véhicules (s’il existe une commande vocale, ou un assistant « Google »). Il en sera de même via l’intégration du smartphone de l’utilisateur à la plateforme (avec des options de synchronisation), qui seront autant de source de données pour nos « alliés » américains, notamment dans la guerre économique qu’ils nous mènent, mais que nous ne voulons pas voir…
Tout constructeur responsable devrait mettre quelques mesures de protection qui permettraient probablement d’atténuer les risques sans les supprimer, comme le chiffrement des données à chaque étape (au repos et en transit), ou encore l’audit régulier des infrastructures Google pour vérifier leur conformité avec les politiques internes de Renault (je n’y crois pas trop), mais aussi la mise en place de contrôles d’accès stricts et l’utilisation de surveillance des comportements anormaux sur le réseau… Renault a-t-il pris réellement en compte l’enjeu de la protection des données ? En tout cas, cela ne transparaît pas dans leur communication.
La conclusion que j’en tire à titre personnel, c’est que je ne suis pas près de basculer sur l’acquisition d’une voiture récente électrique ou hybride, compte tenu désormais du rôle central que joue le numérique pour ce type de produit, et préfère rester sur de l’occasion, plutôt ancienne, où la part du numérique est restreinte. À moins que, comme dans les Smartphones, eFoundation et son OS dé-Googlisé finissent par intéresser nos constructeurs automobiles !
Emmanuel MAWET