La nomination de Gabriel Attal comme premier ministre et l’annonce de la composition restreinte de son gouvernement, même s’il faut encore attendre les prochaines nominations pour juger, a excité le monde médiatico-politique parisien, mais que peut-on réellement en tirer ?
Pour ceux qui s’intéresse à l’économie de notre pays, la souveraineté n’est pas un gros mot et surtout ce n’est pas comme voudrait le faire croire les tenants de l’idéologie mondialiste un replis sur soi.
La souveraineté, c’est de vouloir maîtriser par exemple notre secteur agricole, qui, il y a encore 20 à 30 ans permettait de subvenir à nos besoins alimentaires dans des conditions d’hygiènes contrôlées (ex : arrêt du veau aux hormones, etc.). C’est aussi maintenir une production industrielle sur notre territoire, et donc des emplois, de la valeur ajoutée et des rentrées fiscales tout en rééquilibrant notre balance commerciale avec des exportations.
Cette souveraineté se décline aussi au niveau numérique. Elle est tout autant cruciale, même si la plupart des français ne se rendent pas nécessairement compte de son importance. Le numérique irrigue désormais l’ensemble des pans de l’activité économique, administrative de notre pays, mais aussi de nos vies personnelles.
Ne pas avoir la maîtrise des technologies du numérique, c’est mettre l’ensemble de notre économie à la merci des américains tout d’abord qui depuis de nombreuses années mènent une guerre économique impitoyable, notamment grâce au numérique par l’intermédiaire de leurs lois extra-territoriales. C’est mettre nos données au service de leur économie et de la création de richesse chez eux (ex : Health Data Hub chez Microsoft). Utiliser uniquement (ou quasi-uniquement) leurs plateformes numériques s’est se voir imposer un seul modèle culturel et social, qui ne correspond pas à notre passé et notre culture. C’est de fait, se tourner vers un consumérisme et une marchandisation de l’humain, comme le dénonce si bien Michel Onfray dans son ouvrage « Le fétiche et la marchandise » (édition Bouquins).
Peut-on donc considérer qu’il y aura un vrai changement de politique, qui remettra l’intérêt de la France au centre de l’action ?
Compte tenu de la continuité à l’occasion de l’apparence du changement, le doute est permis. Le ministère de l’économie de de la souveraineté industrielle et numérique reste, toujours sous la direction de Bruno Le Maire, peut-on vraiment espérer un changement ? Pour le numérique, je suis encore plus pessimiste ; en effet après un secrétaire d’état pro géant américain de la tech, Cédric O, dont les derniers exploits ont défrayé la chronique (Capital 13 dec 23), suivi par une ministre délégué au numérique Jean-Noël Barrot qui était un ancien « Young Leader » de la fondation franco-américaine et qui n’a pas eu l’occasion de démontrer une vraie combativité sur la souveraineté numérique. Il ne manquerait plus que le prochain ministre délégué ou secrétaire d’état soit un ancien de McKinsey, pour que la messe soit dite !
L’ensemble de ces éléments, ne me permettent pas un vrai sentiment d’optimisme sur d’éventuels changements sur la politique économique, industrielle. Nous ne voyons pas de vision pour un retour à une vraie souveraineté de notre pays. Je n’ai qu’un souhait, celui de me voir démenti par les prochains événements.