Les Réseaux Sociaux (RS) depuis leur apparition posent un certain nombres de questions et leur arrivée à bouleverser notre rapport à l’information et ce pour plusieurs raisons, liées à la fois au RS eux-mêmes mais aussi au fait que nous sommes majoritairement détenteurs de smartphones, permettant à chacune de capturer des scènes vidéos d’événements qui nous entourent et de les partager à une audience large…
Si ces nouvelles capacités de communication permettent une liberté d’expression jamais connue dans l’histoire de l’humanité, ont permis à des mouvements de révoltes considérés légitimes en occident de voir le jour, comme les printemps arabes. La diffusion massive d’informations parfois tronquées ou hors contextes crée de véritables problèmes sociétaux comme le cyberharcèlement, où l’explosion de la cyberviolence qu’elle soit « ordinaire » ou le fait d’éléments extrémistes…
Se pose aussi la question de la pertinence et de la véracité des informations circulant sur les RS, car en effet ils peuvent devenir des caisses de résonances inégalées à certaines rumeurs ou encore « Fake News ». Mais ce sujet en lien avec ce que l’on appelle communément le complotisme s’avère complexe et que si pour certains faits comme penser que la terre est plate, il est facile de se prononcer, pour d’autre la réalité du jour peut-être de la propagande, que le militantisme idéologique peut transformer une réalité scientifique en fake news, et que la fake news du jour peut s’avérer être la réalité… Cela montre le degré de complexité engendré par ces questions et qu’il est peut probable qu’une réponse simpliste puisse voir le jour.
De plus il faut prendre conscience que ces nouvelles technologies bousculent aussi de fait un ordre établi de l’organisation du pouvoir, notamment dans nos démocraties. Équilibre parfois délicat entre pouvoir politique, judiciaire et médiatique. Notamment, les Médias ce contre-pouvoir qui a longtemps joué un rôle important notamment dans nos démocraties est complètement remis en cause par ces deux outils numériques que sont le smartphone (film et enregistre facilement) et les RS qui permettent de diffuser des événements facilement. Mais il est bon de rappeler qu’une information c’est de la donnée concernant un événement re-contextualisé, une image seule et hors contexte n’est pas de l’information, nous avons tous trop tendance à l’oublier…
Face à ces problèmes et dérives, le monde politique français et européens cherchent à s’en emparer. Notamment le sujet du cyberharcèlement est un sujet de préoccupation majeur et l’on peu trouver sain que notre ministre chargé du numérique et des télécommunications s’empare de la thématique (FranceInfo – Cyberharcèlement – 10 mai 23). Cependant lorsque notre ministre s’attaque au sujet sensible de la Fake News en menaçant de bannir Twitter (JDD – 29 mai 23), tout comme le commissaire européen Thierry Breton, vous me permettrez d’être plus prudent. Probablement vous me direz que j’ai tort, cependant qu’est-ce qu’une Fake News ? Est-ce qu’un état ne peut pas être à l’origine d’une Fake News ? Quand on voit la façon dont été géré la pandémie, le doute est permis, mais il y a d’autres exemples, rappelez-vous du mensonge d’état des États-Unis et leur justification de l’invasion de l’Irak par la présence d’armes de destruction massive…
Ce sujet est donc complexe et explosif, et je ne suis pas sûr que la création d’un ministère français de la vérité (1984 – Orwell) ou d’une commission européenne de la vérité soit une annonce à nous rassurer sur l’état de nos démocraties. N’y-a-t-il pas d’autres moyens ? Ne devrait-on pas plutôt, imposer que chaque utilisateurs des RS soient identifiés, même s’ils utilisent un pseudo, certains RS (français) le font… Vérifier l’identité de l’utilisateur permettrait un de s’assurer de son âge, de plus en cas de diffusion de propos incompatibles avec la législation en vigueur l’auteur pourrait être poursuivi… En effet, si on considère que le RS n’est qu’un outil de diffusion, chaque utilisateur devient responsable du contenu qu’il diffuse, à partir du moment où celui-ci devient public. C’est le cas pour les médias traditionnels, le directeur de publication est pénalement responsable des contenus publiés sur son média.
Les questions soulevées par l’avènement des RS sont vertigineuses, et s’il est important d’y mettre de la régulation notamment en termes de violences et cyberharcèlement, vouloir censurer globalement serait une erreur, je ne pense pas que nos démocraties se grandiraient à mettre en place un ministère de la vérité, à moins que ce soit le signe du retour du totalitarisme le plus débridé, spécialité des dictatures communistes notamment, dont la Chine reste un bel exemple. Mais faut-il le suivre ?