Souveraineté numérique : Pour un numérique souverain et responsable


Souveraineté numérique : Pour un numérique souverain et responsable

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Article N°26647

Souveraineté numérique : Pour un numérique souverain et responsable

Dans cet article paru sur www.effisyn_sds.com, que vous avez dans son intégralité, je m'attarde sur quelles solutions pour un numérique plus responsable et déterminer si l'approche souveraine n'aurait pas un effet bénéfique.
Je tiens à remercie Alain Garnier, CEO de #Jamespot pour sa contribution qui m'a permis d'étayer ma réflexion.
Bonne lecture.
#SouverainetéNNumérique
#RSE
#Smartrezo

Lorsqu’on parle numérique, on parle technologie et usage, mais aussi consumérisme. L’innovation, même inutile permet de vendre toujours plus de nouveaux matériels : ordinateurs, tablettes ou smartphones, ou encore de nombreux objets connectés. L’explosion de ces nouvelles technologies, a plusieurs effets qui amènent à s’interroger : Il y a l’impact environnemental indéniable, mais aussi l’impact social. Comment penser l’évolution du numérique en prenant en compte ces deux dimensions, et comment une approche souveraine pourrait-elle être un des éléments à l’appui de cette évolution.
 

L’impact environnemental du numérique

Les aspects négatifs

Contrairement à ce que certains imaginent peut-être encore, le numérique qualifié de monde virtuel a des effets bien réels sur notre environnement.
L’un des premiers auxquels nous pouvons penser est celui de la nécessaire utilisation des terres rares pour la fabrication de nos ordinateurs, smartphones, tablettes, écrans mais aussi nombre d’objets connectés. L’extraction de ces terres rares est extrêmement polluante, et pour le moment seule la Chine accepte d’en payer le prix (Frandroid). Or la course à l’innovation pousse nombre de consommateurs à changer régulièrement d’équipement pour obtenir des performances et des fonctionnalités qu’ils n’utiliseront pas.
L’autre point auquel on pense rapidement, sont les data centers produits de la politique du tout « cloud ». Ces immenses fermes à serveurs, posent souvent de réelles questions environnementales, dont l’aspect énergétique n’est pas forcément le seul prégnant, même si on évalue l’empreinte du numérique à 25% des émissions de gaz à effet de serre (CBRE). En effet le gigantisme de telles installations pose le problème de leur implantation et de leur impact sur l’écosystème local…
Un autre domaine souffrant d’une réputation sulfureuse quant à son impact environnemental, est celui des cryptomonnaies basées sur la technologie blockchain. L’opération coûteuse en énergie est le « minage » qui en fait le travail de résolution mathématique (équation cryptographique) permettant la création d’une nouvelle page (Le Monde Juin 2021). Cependant la question du coût énergétique se pose pour la technologie de la blockchain d’une façon plus générale. Et selon un article du CNRS (EcoInfo), cette dépense énergétique dépend principalement du protocole de consensus choisi.
Dans les nouveaux dangers que je pressens comme représentant un coût écologique prohibitif, est l’arrivée des Métavers. S’ils sont multiples, ils entraînent mécaniquement une consommation plus forte de la capacité machine et donc fatalement leur impact énergétique est négatif. (Reporterre – mars 2022)

Les aspects positifs

Mais comme dans tous les aspects de la vie, rien n’est jamais complètement négatif, et un certain nombre d’avancées dans le domaine du numérique, permettent aussi de baisser notre impact environnemental.
La crise pandémique que l’on a traversée, a accéléré notre transformation digitale. Il a fallu mettre en place des capacités de travail à distance. En quoi cela pourrait avoir un effet positif notamment sur l’environnement ?
Tout d’abord, le travail à distance fait disparaitre le coût écologique des transports personnels locaux (trajets quotidiens travail-domicile) de chacun des salariés, mais la généralisation des vidéoconférences permet aussi la réduction des déplacements internationaux ou inter-régionaux, réduisant par la même l’empreinte carbone des acteurs. L’une des traductions de cette évolution est le concept de « Digital Workspace ». En effet un outil collaboratif par conception va être mieux disant en termes d’empreinte carbone qu’un courriel, comme nous l’explique Alain Garnier CEO co-fondateur de Jamespot. Tout simplement parce que le stockage n’est pas dupliqué contrairement à un outil de mail… et que cela fait une grosse différence à long terme pour le bilan carbone. Il faut ensuite amener les utilisateurs à adopter des comportements vertueux y compris dans les outils collaboratifs, par exemple en favorisant l’archivage voire la suppression des données anciennes et non pertinentes. C’est aussi une question de UX du produit, et l’un des axes de réflexion et de travail des équipes de Jamespot.
L’autre facteur à ne pas négliger, et qui va dans le bon sens, les outils « souverains » qui ne sont pas « freemium » (mixte entre gratuité (free) et fonctionnalités payantes (premium)) comme les GAFAMs n’ont pas comme modèle économique le fait de « pousser à la consommation » en termes de stockage. Alors qu’on voit que c’est le modèle de certains freemium GAFAM. C’est totalement contraire à la sobriété. En ce sens, la souveraineté aussi est en soi un antidote à l’empreinte carbone débridée des outils GAFAMs.
Concernant les métaverses si nous avons évoqués les aspects négatifs indéniables liés à leur nature, Alain Garnier propose une vision plus optimiste dans laquelle il pense que s’ils sont maitrisés et surtout couplés aux outils collaboratifs   classiques, alors là aussi on pourra avoir le meilleur des deux mondes.
Et la souveraineté ?
Dans l’optique d’avoir une approche environnementale plus responsable du numérique, les solutions souveraines ont toutes leur place.
En effet, l’utilisation de solutions « locales » avec un hébergement proche des utilisateurs, aura indéniablement un effet positif sur l’empreinte carbone par exemple. Le fait aussi d’être sur des solutions plus adaptées à l’environnement culturel dans lesquelles ces solutions devront être utilisées permettront un gain de productivité, et par là une meilleure efficacité énergétique. Le fait qu’un certain nombre de plateformes numériques proposent de favoriser les circuits courts, comme #smartrezo, permettent aussi d’avoir un impact positif, notamment lorsque l’on compare leurs actions à l’impact extrêmement négatif du recours aux grandes plateformes du numérique américain…
L’impact social et sociétal
Nos sociétés subissent une transformation radicale dans leur mode de fonctionnement qui s’accélère et va plus loin par la numérisation de notre société et des rapports entre individus. Cette transformation a déjà été décrite sur un niveau philosophique par l’avènement du Système Technicien (Jacques Ellul Le Système Technicien – Cherche Midi – Essai publié initialement en 1977).
Même si je vous invite à découvrir les réflexions de ce philosophe toujours d’actualité, je vais plutôt focaliser sur des effets directs que l’on peut voir et imaginer du numérique…

Les aspects négatifs
Le numérique, s’il représente une avancée dans bien des domaines, comporte cependant des effets négatifs qui sont à prendre en compte, même si ces aspects négatifs ne lui sont pas nécessairement intrinsèques. Nous allons nous attacher dans un premier temps à ces effets néfastes.
L’un des premiers qui vient à notre esprit, est celui que l’on a appelé l’ubérisation de certains secteurs de l’économie. Cette expression couvre notamment la précarisation d’une main d’œuvre peu qualifiée, la plupart du temps, par des plateformes qui font une intermédiation, et surtout ont profité d’un flou artistique sur les lois travail de nos différents pays, en revendiquant que la plateforme n’est pas un employeur mais un moyen de mettre en adéquation une demande de la clientèle avec une offre de « travailleur indépendant » … La plus fameuse de ces plateformes a été Uber qui faisait l’intermédiaire entre des chauffeurs de VTC, dit indépendants avec leur clientèle. Une autre plateforme, Air B&B a joué un grand rôle dans le domaine du tourisme, car la généralisation de son utilisation met à mal les professions de l’hôtellerie qui ont des normes drastiques à respecter, normes qui ne s’appliquent pas vraiment aux utilisateurs de cette plateforme. On voit là la nature intrinsèque de toute transformation, révolution industrielle avec à la fois une force destructrice d’emplois, notamment dans des secteurs industriels qui deviennent obsolètes, et la possible création de nouveaux emplois liés aux nouvelles technologies et à leurs usages…
Un autre point négatif, auquel on ne pense pas, surtout lorsque l’on est un jeune métropolitain, est la fracture numérique. Cette fracture se manifeste de deux façons distinctes. La première tient de la couverture en infrastructures (mobile et fibre), où l’on ne peut que constater les déficiences de cette couverture réseau en milieu rural. Cet effet, est notamment lié à un choix politique de privatiser les réseaux télécoms, ce qui freine probablement leur déploiement sur l’ensemble du territoire national, surtout dans les zones faiblement peuplées, et donc moins rentables… L’autre fracture numérique que l’on peut observer, est l’accessibilité à un certain nombre de services publics ou marchands qui se fait uniquement par internet. Certaines personnes, même si elles ne sont pas majoritaires, ont un vrai problème avec l’outil informatique, et ceci complexifie à l’extrême leurs tâches administratives et ou l’accès à des services que tout un chacun est en droit d’espérer…
Le 3ème aspect est le passage massif de nombre de secteurs (particuliers, secteur public et privés) à l’utilisation du cloud. Du fait de l’hégémonie des acteurs américains dans ce domaine 95% de la valeur du service est exfiltrée aux US… Il s’agit d’une hémorragie économique et donc sociale.
Pour finir, on ne peut parler des effets négatifs sans parler, de l’impact des réseaux sociaux, et des effets pervers de leur fonctionnement en bulles de filtres. Les effets observables sont de plusieurs ordres, radicalisation des comportements liés à l’anonymat avec la dérive vers le harcèlement que l’on peut observer. Les algorithmes enferment les internautes dans le confort d’être avec des gens qui pensent comme eux. Le fait que la majorité des réseaux sociaux (il manque un bout dans ta phrase) font que les éventuelles modérations sont effectuées selon leur propre schéma de culture et de conception de la liberté d’expression, ce qui peut aussi poser un problème de démocratie. De plus, l’idée générale du « like » repris sur l’ensemble des RS, provoque on le sait un effet addictif de satisfaction court terme, il renforce notre incapacité à se projeter dans le long terme.
 

Les aspects positifs du numérique

Il s’agit d’une nouvelle révolution industrielle commencée autour des années 2000, et qui s’accélère. L’un des côtés positifs de cette transformation est la création d’emplois qualifiés.
Le recours de plus en plus massif au télétravail apporte aussi son lot d’effets bénéfiques, permettant à ceux qui en bénéficie de mieux organiser leur balance vie professionnelle / vie privé…
Les plateformes de commerce en ligne ont permis à l’ensemble du territoire national d’accéder plus facilement à nombre de biens de consommations.
Le travail collaboratif a permis de simplifier la façon de se développer à l’international, les outils notamment de vidéoconférences offrent une flexibilité sans équivalent pour un prix modique, si on se réfère à ce qu’il était possible de faire 15 à 20 ans auparavant. Cela permet le développement international de nombre de petites entreprises…
La numérisation de nos services publics, lorsqu’ils ne se substituent pas à la présence d’agents de proximité, mais complète leur action, entraine un meilleur accès aux services publics, et permet aussi une simplification des processus administratifs… L’exemple le plus flagrant d’une transformation numérique plutôt réussie selon moi au niveau des administrations, est celle de l’administration fiscale.

Et la souveraineté

Comme on l’a noté plus haut le numérique est la prochaine source de création d’emploi. La souveraineté numérique permet de maximiser cette création d’emplois en captant une plus grosse partie de la valeur que génère cette industrie.
Sur l’aspect cloud, comme on l’a vu précédemment choisir un acteur américain c’est perdre jusque 95% de la valeur. Ici encore le choix de la souveraineté numérique a un sens et permet de changer la donne, et c’est possible ! Comme l’a indiqué Alain Garnier, dans le cas de Jamespot, moins de 10% de leurs dépenses sont hors Europe. Une approche plus responsable du numérique bénéficie ainsi à l’ensemble de la communauté nationale, notamment via les contributions que sont les impôts et charges sociales.
Sur les réseaux sociaux, les acteurs américains restent hégémoniques, cependant des initiatives souveraines cherchent à percer. Il y en a deux auxquelles je pense, l’une que j’utilise, #smartrezo, est une plateforme média réseau social, et l’autre #qwice qui ambitionne de qualifier les informations partagées, et se présente comme une application d’intelligence collective !
Ces deux initiatives, proposent une autre conception du réseau social et des médias internet, ils sont de fait plus respectueux des aspects socio-culturels français. #smartrezo a une éthique, qui garantit que l’utilisateur n’est pas traqué et donc ne voit pas ses données personnelles collectées à son insu, #qwicez s’inscrit aussi dans cette démarche. Il existe donc là aussi des comportements vertueux, qui permettent de favoriser un ancrage local du numérique…
Conclusion
Le numérique en soit n’est ni bon ni mauvais, mais il peut être une source d’opportunité pour améliorer nos vies en atténuant certains impacts environnementaux de notre vie personnelle et professionnelle. Cependant si nous n’y prenons garde ces effets bénéfiques pourraient être vite effacés.
Cependant si l’on a une approche locale et souveraine, le numérique peut être une source de richesse pour notre développement en favorisant des emplois à forte valeur ajoutée sur nos territoires, tout en limitant des impacts plus négatifs en termes environnementaux. Il me semble donc important de creuser cette approche souveraine et « locale » du numérique qui permet d’envisager des impacts positifs en termes RSE. Il nous faut donc creuser ce sillon, et la prise de conscience apparente de l’état par l’apparition d’un ministère de l’Economie et de la Souveraineté Industrielle et Numérique semble un signe encourageant. Il ne reste plus qu’à juger sur les actions réelles !

Emmanuel MAWET

Lien :https://effisyn-sds.com/2022/06/07/pour-un-numerique-souverain-et-responsable

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